Quel est l’impact de tout « cela » dans ma vie ?

21 mars 2019 Par Cégolène Colonna
1- Pers Prog Personnelle Blog

Par cet article, j'explore :

  • Les ressources que nous mobilisons pour déserter, chacun à sa manière, le confort de l’indifférence aux enjeux collectifs.
  • L’importance de ces engagements individuels pour soutenir un processus de transformation durable des pratiques humaines.

À quels enjeux appartenir ?

Lorsqu’une catastrophe collective se déroule, que son origine soit naturelle ou humaine, qu’elle ne dure qu’une seconde ou qu’elle s’étire dans le temps, elle délimite immanquablement des zones dans l’espace.

Pour ma part, j’ai la chance de m’être toujours, jusqu’à présent, trouvée dans les zones hauturières d’impact : celles qui se situent au-delà même de l’atteinte du souffle.

Dois-je pour autant me sentir « dans un autre monde » ?
Est-il pour autant légitime de considérer que mon privilège est un dû inaltérable ?

Et, en même temps, comment continuer à vivre si je suis touchée par tout ce qui arrive de douloureux sur cette planète, pour cette humanité, au sein cette société, …, auxquelles j’appartiens même lorsqu’il m’est facile de l’oublier ?

Quel accueil leur réserver ?

Que faire de ces informations qui me bombardent parfois d’un cataclysme ravageur par-ci, d’un exode meurtrier par-là, d’une guerre pas si lointaine que cela, d’un soulèvement de grande ampleur y compris sur le continent Européen, d’un usage immodéré de la force, … ?

Est-ce que je passe mon chemin et continue mon quotidien ?
Ou est-ce que j’ouvre mes écoutilles pour sentir le monde vibrer autour de moi ?
Quitte à prendre le risque d’être bouleversée par le « souffle » de la souffrance humaine, animale, végétale, planétaire, …, qui est patente dans l’œil du cyclone de l’événement en question ?

Comment gérer cet équilibre qui consiste à observer, ressentir, percevoir et agir ?
Et, à quelle échelle agir ? à l’intérieur de quelle sphère d’influence ? avec quel niveau d’engagement ?

Il me semble observer que de plus en plus de personnes font le choix de se laisser consciemment toucher par les images, les sons, les paroles entendues et leurs sous-entendus.
Ce faisant, elles transforment en prise de position, voire en engagement, cet inconfort émergeant à sentir en soi la détresse de ceux qui souffrent de plein fouet.

Quel risque à me rapprocher des enjeux qui m'entourent ?

À moins que cette observation soit en fait le fruit de mon propre processus d’ouverture à ce qui me dépasse dans tous les sens du terme :

  • cela dépasse ma marge de manœuvre puisque ce sont des phénomènes de société, culturels, politiques, climatiques, ou je ne sais quoi encore…
  • cela dépasse mon entendement (souvent !), et pas seulement parce que je n’ai pas toutes les billes en main pour avoir une perception globale de ce qui se déroule (ai-je d’ailleurs toujours la curiosité d’aller chercher les informations qui me manquent ?), mais aussi en ce que je ne comprends pas que des personnes puissent prendre les décisions qu’elles prennent, exprimer les paroles qu’elles disent, ne pas voir ce à quoi elles sont aveugles, …
  • enfin, cela me dépasse aussi parfois en ce que cela génère des émotions et des états d’être difficiles à côtoyer…

C’est ainsi que j’expérimente aussi qu’il est confortable de me distancer de tout « cela »… (encore une fois, je peux me le permettre : j’ai la chance de ne pas être embarquée de toute part dans le feu de l’événement !)

Quel est pourtant le coût d’un tel gain en confort ?

Quel risque à les maintenir à distance ?

Difficile à qualifier…

Je sais ce que j’évite :

  • avoir à prendre parti pour…, et contre…
  • avoir des discussions sur des sujets qui fâchent avec des personnes qui me sont proches…, ou qui m’indiffèrent de toutes façons,
  • avoir la boule au ventre, les yeux en eau, les nerfs à fleur de peau, …
  • avoir un sentiment de culpabilité à constater que je me plains encore de mes bobos, de ce que les choses ne sont pas comme j’aimerais qu’elles soient, …

Mais qu’y aurait-il à gagner à participer (plus) en conscience à ce qui m’entoure ? et me dépasse !

Quel gain à m'emparer de ces enjeux ?

La sensation d’être plus connectée au vivant ?
Celle d’être plus proche de mon expérience personnelle ?
D’être plus en lien avec la richesse singulière des personnes autour de moi ?
La gratification d’aligner mes perceptions, actions, paroles et pensées en perspectives cohérentes ?

Ça c’est pour ce qui concerne ma petite personne…
Et cela n’est déjà pas si mal en cette période qui fait florilège de burn-out, de solitude et d’anti-dépresseurs de toutes sortes.

Mais se pourrait-il qui plus est que la collectivité soit elle aussi gagnante à ce que je participe (plus) en conscience à ce qui m’entoure et me dépasse ?

Quelle contribution collective lorsque je le fais ?

Là encore, difficile à qualifier… encore plus à quantifier…

Pourtant, si l’on croit à la « rencontre des grands esprits » (et pourquoi pas puisqu’il est maintenant démontré que les arbres communiquent entre eux, y compris à grande distance…), peut-être pourrait-on dire que la collectivité nous attend pour :

  • atteindre le nombre critique à partir duquel les changements majeurs se produisent sans retour possible,
  • ou tout au moins, pour contribuer à ce que la transformation de notre propre manière d’être au monde, telle une tâche d’huile, entre en résonance, et fasse résonner les valeurs, les aspirations et les envies que nous souhaitons être présents une fois ledit point de non-retour dépassé

Car il m’est d’avis que, avec ou sans moi, un tel point de non-retour sera tôt ou tard franchi concernant la société, l’humanité, la planète, …

Et la liberté individuelle dans tout ça ?

Et qu’à ce moment-là, je serai forcément embarquée au cœur de ce qui se sera déclenché ; sera-ce une désintégration de ce qui a de la valeur à mes yeux ? ou une synergie créative de valeurs soutenant la cohésion ?

Il ne tient pas qu’à moi d’en décider ; toutefois, il ne tient qu’à moi de décider de la manière dont je veux, ou pas, faire usage de ma conscience personnelle pour contribuer à choisir la direction que la dynamique collective est en train de créer.