Mobiliserons-nous nos ressources jusqu’à évoluer par-delà la seule adaptation ?

20 mai 2020 Par Cégolène Colonna
1- Pers Prog Partagée Blog

Par cet article j'explore :

  • La différence entre les enjeux à court et moyen termes pour permettre l’émergence du Monde d’Après.
  • La vigilance à adopter quant à la manière dont nous prenons les décisions qui impacteront notre à-venir.

Nous nous accordons à dire que la période est cruciale...

 … et qu’il convient de (re)mettre nos organisations en état de fonctionner afin que chacun soit en mesure de faire vivre sa famille.

Je m’interroge sur la manière la plus propice d’atteindre cette cause :

  • Est-ce d’adapter nos Organisations aux nouvelles contraintes liées à la présence du virus parmi nous ? 
  • Est-ce de faire évoluer nos Organisations en échos avec ce que la présence du virus révèle de notre mode de fonctionnement jusqu’à présent ?

Bien sûr, il est fort probable que la réalité du Réel et du Besoin se situe quelque part entre les deux… 

La fameuse Voie du milieu…

À moins qu’elle ne se situe aussi dans une perspective à visée différenciée au fil du temps…

L’objet de cet article n’est donc pas de définir une « notice », ni même une « règle d’or » sur la manière de relancer une mobilité opérationnelle dans la vie entrepreneuriale, juste de poser des idées à partir desquelles laisser émerger des perceptions nouvelles fertilisant nos pensées, décisions et actions.

Considérant que « Évoluer » et « S’Adapter » sont des processus différents...

… il me semble utile d’interroger la manière dont ils interagissent l’un avec l’autre.

  • Peut-on s’adapter sans évoluer ?
  • Peut-on évoluer sans s’adapter ?

D’après le dictionnaire Larousse :

  • Nous nous adaptons en « suivant telle ou telle direction pour convenir à une situation », en « ayant tel ou tel comportement », en « étant en accord avec notre milieu, une situation nouvelle » ;
  • Nous évoluons en « passant d’un état à l’autre, par des phases successives, qui progressent ou en s’aggravent » ainsi qu’en « nous transformant psychologiquement », en « modifiant notre manière de penser, de nous conduire ».

Nous pouvons donc conclure que « oui ! » :

Il est possible de s’adapter sans évoluer

C’est-à-dire qu’il est possible de proposer des solutions qui, parce qu’elles restent dans le système, perpétuent potentiellement les problèmes dès lors qu’ils émanent du fonctionnement propre au système lui-même.

Grégory Bateson a appelé ce type de processus « Changement de niveau 1 ».

Tout comme il est possible d’évoluer sans s’adapter

C’est-à-dire de mettre en œuvre des solutions qui, parce qu’elles sortent du système, résorbent potentiellement les problèmes dès lors qu’elles remodèlent le fonctionnement du système lui-même.

Grégory Bateson a appelé ce type de processus « Changement de niveau 2 ».

Quel est l’intérêt de cet éclairage concernant le concret des décisions à prendre et des actions à mener dans la période actuelle ?

Probablement celui d’inviter à utiliser deux focales au moment de prendre lesdites décisions : la focale centrée sur le résultat opérationnel à obtenir, ainsi que la focale centrée sur la manière dont les décisions sont prises.

La focale opérationnelle

Elle est déterminée par la technicité du métier et du secteur d’activité dans lesquels la décision s’exercera.

Elle est tout particulièrement utile pour les décisions ayant un caractère d’urgence parce que leur enjeu est important à court terme.

La focale processuelle

Elle est déterminée par l’espace-temps à l’intérieur de soi, et partagé avec autrui, à partir duquel les situations sont envisagées, les problèmes analysés et les options sélectionnées.

Elle est primordiale pour éviter de faire les mêmes erreurs que celles qui ont conduit au problème sous prétexte de l’urgence à le résoudre.

L'espace-temps de l'analyse processuelle est-il :

  • Celui qui va vite ?
    ou
    Celui s’accorde le/du temps ?
  • Celui qui est sous pression ?
    ou
    Celui qui occupe la place dont il a besoin ?
  • Celui qui se saisi de l’urgence importante ?
    ou
    Celui qui se saisi de l’importance urgente ?
  • Celui qui est notre refuge contre la peur ?
    ou
    Celui qui soutient notre résilience ?
  • Celui qui est sous le contrôle de notre mental ?
    ou
    Celui qui reste connecté au cœur ?

Comment passe-t-on de l’un à l’autre de ces espace-temps ?

Comment transforme-t-on la focale psychique qui instrumentalise nos pensées, décisions et actions opérationnelles ?

En visant l’évolution par-delà l’adaptation, en :

  • nourrissant en soi, et avec autrui, ces espaces et ces temps de présence à soi-même, à autrui, et au vivant, qui nous relient à l’essentiel par-delà les enjeux de l’instant,
  • contribuant à des moments de partage où l’humain, qui inscrit notre interdépendance les uns avec les autres au sein du vivant, peut se vivre par-delà l’opérationnel qui nous réunit.

Car ce qui fait notre humanité est une ressource à part entière parmi les autres ressources (digitales, financières, mathématiques, logistiques, …) dont nous disposons.

Je fais le vœu...

… que nous sachions redonner à ce qui fait notre humanité la place d’une ressource de choix à partir de laquelle coordonner les ressources opérationnelles de telle sorte que nos Organisations évoluent et se réadaptent aux femmes et aux hommes qui les composent et les font vivre.