Un rêve désirable par toute l’Humanité ?

25 avril 2019 Par Cégolène Colonna
1- Pers Prog Partagée Blog

Par cet article j'explore :

  • Les méandres dans lesquels s’embourbent parfois nos rêves les plus généreux et désintéressés.
  • Les pratiques que nous pouvons nous auto-administrer pour cultiver une posture humble de puissance sur le monde.

Comment utiliser les opportunités présentes ?

Peut-être serez-vous d’accord avec moi pour dire que l’époque est intéressante à vivre en ce qu’elle ouvre l’hypothèse d’un à-venir différent de celui tout tracé par le passé.

Qui sont les personnes qui s’emparent de cette opportunité ?
Quel rêve pour l’Humanité développent-t-elles ? dans leur for intérieur ? dans le cadre d’une intelligence partagée ?

Ce rêve est-il désirable par toute l’Humanité ?
C’est-à-dire, dans ma compréhension : la direction et les perspectives dégagées par cette vision d’un « à-venir à construire », suscitent-elles aussi l’adhésion des personnes qui n’en sont pas à l’origine ?

Que se joue-t-il là de l’exercice du pouvoir entre certains qui le détiennent et d’autres qui ne le détiennent pas d’emblée ?
Qu’est-ce que le pouvoir ? et quel pouvoir confère-t-il ?

Toutes ces questions (et bien d’autres encore certainement) sont selon-moi en ébullition dans la période actuelle, que ce soit en France, en Europe, dans le Monde, ou sur la Planète*…

Comment contenir les transformations à venir dans un cadre Humaniste ?

Si l’on m’interrogeait aujourd’hui sur mon « rêve pour l’Humanité », je le décrirais ainsi :

  • un monde humain : un monde dans lequel les considérations humaines ont primauté sur les considérations économiques et politiques.
  • un monde durable : un monde dans lequel les considérations planétaires sont fondatrices en ce qu’elles constituent les « briques incompressibles » à partir desquelles construire les solutions à mettre en œuvre.

Cela est sans doute bien idéaliste…
Et c’est en cela notamment que j’observe que mon rêve semble ne pas être forcément désirable par toute l’humanité.

Et cela m’interroge avant même que de rentrer dans le registre concret de ce que l’on met en place lorsque l’on situe l’Humain au centre des décisions et que l’on restitue au Planétaire sa valeur d’incontournable à intégrer dans l’équation.

J’y décèle la question des « règles du jeu » utilisées pour jouer au jeu du pouvoir sur le monde ; et par là-même, la question du « jeu » lui-même auquel nous jouons comme autant d’acteurs plus ou moins conscients, du rôle qui nous conféré d’une part, de la manière dont nous fondons notre mode de vie à l’intérieur de ce rôle d’autre part.

Vais-je aimer le monde dans lequel nous vivrons tel qu’il aura été créé par ledit « jeu » ?
Vais-je continuer à reconnaitre ce monde comme « mien » ?
Et, par là-même, aurai-je envie d’en prendre soin ?
Serai-je ouverte à lui dédier de l’énergie ? à accepter de lui sacrifier la pleine satisfaction de mes envies/désirs/fantasmes… ?

Comment ré-engager les rêveurs endormis dans la mobilisation qui nous concerne ?

À moins que le monde créé par ledit « jeu » ne me donne la sensation d’y être devenue étrangère… parce que je ne m’y sentirais pas reconnue mais reléguée au statut de « pion »… parce que les valeurs que j’observerais incarnées seraient écartelées par rapport au cœur de mon système de référence… à moins que ce ne soit un peu des deux…

Et si tel devait être le cas, à partir de quand me lancerai-je dans la fuite en avant qui consiste à ne pas prendre soin de ce dont je me sens détachée ? ; « après moi le déluge » selon l’expression bien connue !…

Et si toutes ces questions n’étaient pas destinées seulement au futur d’une société en mutation ?
Si elles étaient d’ors-et-déjà d’actualité et à l’œuvre dans les mouvements sociaux que nous connaissons ?

Aussi bien dans la lecture de certains « désengagements » qui traduiraient ainsi le fait que les évolutions qui ont déjà eues lieu ont « larguées » les personnes concernées au point qu’elles ne peuvent plus se projeter dans un rôle d’acteur du monde qui les entoure…
Que dans la lecture de certains engagements qui traduiraient ainsi que les « bouchons poussés très loin » produisent des électrochocs et remettent en route nos circuits de réflexion ; quitte à ce qu’ils s’expriment par l’indignation…

Comment garder à nos rêves la mesure du souhaitable ?

Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’à l’issue de ce cheminement une question subsiste qui fait mystère à mes yeux : Comment expliquer que soient développés des rêves qui font le cauchemar de l’Humanité ?
Ou en tous cas, qui ne sont manifestement pas désirables par l’Humanité puisqu’ils soulèvent des rébellions ?

Probablement parce que les rêves que nous cultivons sont le reflet de nos différences inter-personnelles, et qu’en cela ils sont à respectables…

Probablement aussi peut-être parce que nous omettons souvent de soumettre la légitimité de nos rêves au Principe de Réalité ; pas tellement à la réalité de l’existant (sans quoi, ils ne seraient pas des rêves…), mais surtout à la réalité exhaustive dans le Temps et l’Espace du rêve devenu Réalité.

Toutefois si nous ne le faisons pas par anticipation, peut-être pourrions avoir l’humilité de le faire à postériori concernant les « tranches de rêves déjà abouties ».
Cela nous permettrait de réaménager autant que de besoin le parcours du processus que nous avions construit dans une visée lointaine pour atteindre LE rêve…
À défaut, je me crois autorisée à considérer que LE rêve poursuivi l’est en son nom propre, et non en celui de l’Humanité…

———-
 

* Pour ma part, je cultive la distinction entre les idées complémentaires suivantes :

  • Un « Monde » : perception qui tourne à mes yeux autour de la représentation sociologique et géopolitique que les humains peuvent avoir de l’environnement dans lequel ils vivent, et
  • Une « Planète » : Entité qui existe par elle-même indépendamment de l’Humanité qu’elle abrite et qui reste entière par-delà des divisions que cette dernière peut y introduire